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le sang de la coupe

Tristesse au jardin

Un jour, elle passait dans le jardin en feu
Baigné par les zéphyres,
Et des bassins d’azur son petit soulier bleu
Effleurait les porphyres.

Ses pieds polis, pareils dans le bas irisé
À la neige qui tombe,
Parmi le sable d’or avaient l’éclat rosé
Des ailes de colombe.

Elle glissait au bord de ces flots murmurants
Et baignés d’harmonie,
Et portait la lumière en ses doigts transparents,
Comme une Polymnie !

Comme en un lac dormant qui roule des trésors
Sous les rayons de lune,
Cent mille diamants s’allumaient dans les ors
De sa prunelle brune.