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le sang de la coupe

Qu’ils étaient beaux, les yeux de cette Alaciel
Plus belle et plus complète,
Ces yeux clairs et profonds où l’océan du ciel
Tout entier se reflète !

On voyait vers leurs feux se courber les pistils
Des fleurs respectueuses,
Et cent reflets emplir les sourcils et les cils
D’ombres voluptueuses.

Et, comme les beaux seins par le flot arrosés
Des Naïades marines,
Le soir te rougissait de tons clairs et rosés,
Nacre de ses narines !

Et, superbes d’orgueil, les blancheurs de ses dents,
Sous ses lèvres hautaines,
Ruisselaient de clartés comme les lys ardents
Penchés sur les fontaines !

Ses lèvres, où luttaient l’amour et son ardeur,
Et les folles paresses,
S’entr’ouvraient aux rayons, tremblantes de pudeur,
Et pleines de caresses.

Ces pourpres, ces fraîcheurs, ces feux éblouissants
Confondaient leurs féeries,
Comme luttent d’éclat les boutons rougissants
Et les roses fleuries.