Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/112

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Pourquoi le ciel bleu sur nos têtes
Met-il son manteau de saphir,
Et pourquoi la campagne en fêtes
Rit-elle au souffle du zéphyr ?

Pourquoi dans la petite chambre,
Lorsque tout bruit lointain se fond,
L’air est-il comme imprégné d’ambre,
L’eau pure, le divan profond ?

Enfant, sais-tu quelle puissance
Nous enveloppe d’un regard,
Et quels mots, de leur ciel immense,
Nous disent la Nature et l’Art ?

La Nature nous dit : Poètes,
À vous mes ruisseaux et mes prés,
À vous mon ciel bleu sur vos têtes,
À vous mes jardins diaprés !

À vous mes suaves murmures
Et mes riches illusions,
Mes épis, mes vendanges mûres
Et mes couronnes de rayons !

L’Art nous dit : À vous mes richesses,
Mes symboles, mes libertés,
Mes bijoux faits pour les duchesses,
Mes cratères aux flancs sculptés !