Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/113

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À vous mes étoffes de soie,
À vous mon luxe armorial
Et ma lumière qui flamboie
Comme un palais impérial !

À vous mes splendides trophées,
Mes Ovides, mes Camoëns,
Mes Glucks, mes Mozarts, mes Orphées,
Mes Cimarosas, mes Rubens !

Eh bien ! oui, l’Art et la Nature
Ont dit vrai tous les deux. À nous
La source murmurante et pure
Qui me voit baiser tes genoux !

À nous les étoffes soyeuses,
À nous tout l’azur du blason,
À nous les coupes glorieuses
Où l’on sent mourir la raison ;

À nous les horizons sans voiles,
À nous l’éclat bruyant du jour,
À nous les nuits pleines d’étoiles,
À nous les nuits pleines d’amour !

À nous le zéphyr dans la plaine,
À nous la brise sur les monts
Et tout ce dont la vie est pleine,
Et les cieux, puisque nous aimons !