Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/116

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Comme un troupeau leste et vorace,
On voit s’élancer sur la trace
De vos chevaux de noble race
Mille amants, le cœur aux abois ;
Derrière vous marche la foule,
Mugissante comme la houle,
Et dont le chuchotement roule
À travers les détours du bois.

Vous avez de tremblantes gazes,
Des diamants et des topazes
À replonger dans leurs extases
Les Aladins expatriés,
Et des cercles de blonds Clitandres
Dont le cœur brûlant sous les cendres
Vous redit en fadaises tendres
Des souffrances dont vous riez.

Vous avez de blondes servantes
Aux larges prunelles ardentes,
Aux chevelures débordantes
Pour essuyer vos blanches mains ;
Vous portez les bonheurs en gerbe,
Et sous votre talon superbe
Mille fleurs s’éveillent dans l’herbe
Afin d’embaumer vos chemins.