Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/166

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Des Ariels dans les cieux,
Assis près de leurs amantes,
Agitent des miroirs bleus
Au-dessus des eaux dormantes.

Sur la vague aux cheveux verts
Les Ondins peignent la moire,
Et lui serinent des vers
Trouvés dans un vieux grimoire.

Les Sylphes blonds dans son vol
Arrêtent l’oiseau qui chante,
Et lui disent : Rossignol,
Apprends ta chanson touchante ;

Car il faut que pour demain
On ait la chanson nouvelle.
Puis le cahier d’une main,
De l’autre ils lui tiennent l’aile

Et ceux-là, portant des fleurs
Et de jolis flacons d’ambre,
S’en vont, doux ensorceleurs,
Voir mainte petite chambre,

Où mainte enfant, lys pâli,
Écoute, endormie et nue,
Fredonner un bengali
Dans son âme d’ingénue.