Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/218

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D’un plus hault vol, d’aile mieux emplumée
Ne la pouuoit rauir ce petit Dieu ;
Et ne pouuoit encor’ en plus hault lieu,
Ny en plus seur sa flamme estre allumée.
Ioachim Du Bellay, Inscriptions.








L’été brille ; Phœbus perce de mille traits,
En haine de sa sœur, les vierges des forêts,
Et dans leurs flancs brûlés de flammes vengeresses
Il allume le sang des jeunes chasseresses.
Dans les sillons rougis par les feux de l’été,
Entouré d’un essaim, le bœuf ensanglanté
Marche les pieds brûlants sous de folles morsures.
Tout succombe : au lointain les Nymphes sans ceintures
Avec leurs grands cheveux par le soleil flétris
Épongent leurs bras nus dans les fleuves taris,
Et, fuyant deux à deux le sable des rivages,
Vont cacher leurs ardeurs dans les antres sauvages.
Dans le fond des forêts, sous un ciel morne et bleu,
Vénus, les yeux mourants et les lèvres en feu,