Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



 

         Si quelque Vénus toute nue
         Gémit, pauvre marbre désert,
         C’est lui dans la verte avenue
         Qui la caresse et qui la sert.
            Victor Hugo, Les Voix intérieures.








Hélas ! devant le noir feuillage de cet arbre,
J’ai le cœur tout glacé dans ma robe de marbre,
Et par mes yeux, troués d’ulcères inconnus,
La pluie en gémissant pleure sur mes bras nus.
Entre mes pieds, jadis plus blancs que des étoiles,
Arachné lentement tisse de fines toiles,
Et tu n’es plus, Scyllis, pour que sous ton ciseau
Je me relève un jour souple comme un roseau !
En ce temps où la fleur se cache sous les herbes,
Nul ne sait le secret de nos formes superbes,
Nul ne sait revêtir quelque rêve éclatant
De contours gracieux, et dans son cœur n’entend