Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/228

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Par le ciel, cette enfant est belle ;
de ma vie je n’ai rien vu de pareil…
Gœthe, Faust.








C’était la fin d’un bal ; nous étions presque à l’heure
Où sous la volupté l’archet frissonne et pleure,
Où sous les gants flétris les doigts serrent les doigts,
Où les fleurs et les pas, les rayons et les voix
Et la gaze envolée en un tourbillon frêle
Jettent au cœur troublé leur parfum qui se mêle ;
À l’heure où l’on croit voir en ces enivrements
Des maîtresses d’un jour caresser leurs amants,
Et les fresques sourire, et l’extase physique
Voler dans l’air, mêlée à des flots de musique !
Tantôt c’était la joie, et le quadrille ardent
Qui se mêle et s’effare et s’élance en grondant,
Qui tantôt rit et chante en strophes inégales,
Puis s’arrête et bondit en éclats de cymbales,