Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/23

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Ranimer toute chose avec une syllabe,
L’ogive et ses vitraux de feu, le trèfle arabe,
         Le cirque, l’église et la tour,
Le château fort tout plein de rumeurs inouïes,
Et le palais des rois, demeures éblouies
Dont chacune règne à son tour ;

Les murs Tyrrhéniens aux majestés hautaines,
Les granits de Memphis et les marbres d’Athènes
         Qu’un regard du soleil ambra,
Et des temps révolus éveillant le fantôme,
Faire briller auprès d’un temple polychrome
         Le Colisée et l’Alhambra !

J’aurais dû ranimer ces effroyables guerres
Dont les peuples mourants s’épouvantaient naguères,
         Meurtris sous un rude talon,
Dire Attila suivi de sa farouche horde,
Charlemagne et César, et celui dont l’exorde
         Fut le grand siège de Toulon !

Puis, après tous ces noms, sur la page choisie
Écrire d’autres noms d’art et de poésie,
         Dont le bataillon espacé
Par des poèmes d’or, dont la splendeur enchaîne
L’époque antérieure à l’époque prochaine,
         Illumine tout le passé !