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LES EXILÉS


Érinna


À mon cher Philoxène Boyer
Qui a ressuscité la grande figure de Sappho
dans un poème impérissable.


Près du flot glorieux qui baise Mitylène,
Marchent, vierges en fleur, de jeunes poétesses
Qui du soir azuré boivent la fraîche haleine
Et passent dans la nuit comme un vol de Déesses.

Elles vont, emportant la brise dans leurs voiles,
Vers le parfum sauvage et les profonds murmures.
Les lumières d’argent qui tombent des étoiles
Sur leurs dos gracieux mordent leurs chevelures.

Celle qui les conduit vers la plage marine,
C’est Érinna, l’orgueil des roses éphémères,
L’amante en qui revit dans sa blanche poitrine
Le grand cœur de Sappho, pâture des chimères.