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LES EXILÉS


Je te souhaite, non pas
De tout fouler sous tes pas
Avec un orgueil barbare,
Non pas d’être un de ces fous
Qui sur l’or ou les gros sous
Fondent leur richesse avare,

Mais de regarder les cieux !
Qu’au livre silencieux
Ta prunelle sache lire,
Et que, docile aux chansons,
Ton oreille s’ouvre aux sons
Mystérieux de la lyre !

Enfant bercé dans les bras
De ta mère, tu sauras
Qu’ici-bas il faut qu’on vive
Sur une terre d’exil
Où je ne sais quel plomb vil
Retient notre âme captive.

Sous cet horizon troublé,
Ah ! malheur à l’Exilé
Dont la mémoire flétrie
Ne peut plus se rappeler,
Et qui n’y sait plus parler
La langue de la patrie !