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LES EXILÉS



Celle qui chantait


Voix solitaire, ô délaissée !
Victime tant de fois blessée,
Chère morte dont l’âme eut faim
Et soif d’azur, ô Marceline,
Dors-tu, sous la froide colline ?
As-tu trouvé le calme, enfin ?

Quand, parmi la lente agonie,
La douleur, qui fut ton génie,
T’arrachait de tremblants aveux,
Le souffle du maître farouche
En passant déliait ta bouche,
Et frissonnait dans tes cheveux.

Pâle, vouée à ta chimère,
Tes dents mordaient la cendre amère ;
T’en souvient-il, t’en souvient-il,
À présent que tes yeux sans voiles
S’emplissent de flamme et d’étoiles ?
Tu n’acceptais pas ton exil !