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LES EXILÉS


Et sa voix naïve, et son front qui penche !
Sa petite robe blanche,

Hélas ! je la vois encor. Nous disions :
L’ange des illusions,

C’est elle ! Jamais lèvre plus choisie
Ne versa la poésie.

Celle-ci n’est pas jeune pour un jour !
Mais éclatante d’amour,

Pour jamais la grâce en fleur la décore
Comme le lys et l’aurore !

Et déjà, déjà, pauvre ange mortel,
Tu fuis dans l’horreur du ciel,

Dans l’immensité bleue aux sombres voiles
Où frissonnent les étoiles !

Le lys est brisé. C’est fini. Plus rien
Qu’un fantôme aérien

Dont les cheveux blonds aux mourantes flammes
Caressent encor nos âmes.

Mais, va, jeune Grâce aux yeux si touchants !
Tu renaîtras dans les chants