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LES EXILÉS

Tout est ressuscité dans l’aurore vermeille,
Et la sainte Louange avec nous se réveille.
Vois, le ciel est vivant, les astres sont vivants ;
Une ode ivre de joie éclate aux quatre vents.
Partout, dans le flot clair et sur l’âpre colline,
Brille, nue en sa fleur, la beauté féminine ;
Les fleuves, tout emplis de rires ingénus,
Se soulèvent, charmés, sous les jeunes seins nus
Qu’on voit fuir et glisser vers les grottes obscures ;
Chevelures d’azur et vertes chevelures,
Les ondes, les rameaux frémissent de plaisir.
Tu ris à l’univers que tu vas ressaisir !
Oui, c’est pour toi que les étoiles resplendissent ;
Devant tes yeux charmés des chœurs dansants bondissent ;
Tu revois dans l’eau vive et dans l’air agité
Mille reflets divers de ta divinité,
Et tu n’es plus seul ! dans nos palais grandioses
L’échelle des héros et des apothéoses
Qui joint la terre au ciel pour tes yeux éclairci,
Se relève, sublime escalier d’or. Ainsi
Les Dieux et l’Homme et la Nature au flanc sonore
Sont comme une famille immense qui s’adore ;
Et dans ce grand festin de la terre et des cieux
Tandis que nous buvons le vin délicieux
Et la force de vie intense qu’il recèle
À la félicité de l’âme universelle,
Enivrés comme toi de sons et de rayons
Dans l’immuable azur, Homme, nous te voyons,