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LES EXILÉS

Revêtu de nouveau de ta force première,
Puissant Génie ailé, monter vers la lumière !
C’est ainsi que parla vers l’avenir naissant
La grande Aphroditè, caressante et laissant
Courir sur son dos sa chevelure embaumée,
Et les Sphères, suivant leur route accoutumée,
Regardaient ses yeux noirs, carquois inépuisés,
Avec des tremblements et des bruits de baisers.
Goûtant les mets divins après de si longs jeûnes,
Les grands Dieux se penchaient vers moi, bienveillants, jeunes,
Régénérés, heureux d’avoir, grâce à l’effort
Des poètes, vaincu les horreurs de la mort,
Et le joyeux titan Amour, levant sa coupe
Que rougit le nectar, vers les Charites, groupe
Adorable, naguère encor du ciel banni,
Disait : Que l’Homme soit béni ! que l’Infini
Peuplé d’Astres-amants pour lui n’ait plus de voiles !
Et j’entendis le chant merveilleux des Étoiles.


Septembre 1866.