Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
AU LECTEUR

si j’ai pu faire songer à elles et faire apparaître dans l’esprit de ceux qui me lisent leurs fantômes qui éveillent toutes les idées de triomphe, d’orgueil, d’amour, de joie, de puissance, de sang versé, et de robes d’or éclaboussées de pierreries.

Sans le souvenir de ces femmes toujours entrevues dans la splendeur de l’écarlate et sous les feux des escarboucles, le songeur que ravissent les fêtes de la couleur ne se trouverait-il pas un peu trop dépaysé dans une époque où ni les révolutions, ni le tumulte effréné des guerres civiles, ni les progrès industriels et scientifiques, ni la force même des choses n’ont pu venir à bout de dompter et de détruire ce monstre plus menaçant que la serpente Pytho : la jeune fille des vaudevilles de M. Scribe, qui avec un sourire de romance court après les papillons, en robe de mousseline agrémentée de l’invincible tablier de soie à bretelles roses ?


T. B.


Paris, le 14 juillet 1874.