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des corps façonnés d’après leurs propres dessins ! Et sans une si vraisemblable hypothèse, il serait difficile de comprendre la beauté à la fois enfantine et exquise de Mlle Eva Gonzalès ; car ne semble-t-il pas que son visage charmant ait été emprunté à l’un de ces tableaux où elle atteint la parfaite harmonie avec la science et l’inspiration du coloriste ? Ce sont des formes accomplies, et c’est le visage d’une jeune fille : n’est-ce pas indiquer d’un mot une de ces créations complexes que l’Art réalise, mais dont il ne saurait demander l’étrange secret à la Nature ? La lumière caresse avec joie ces cheveux châtains, magnifiquement relevés sur les tempes et massés au sommet de la tête en larges coques retenues par un haut peigne d’écaille à l’espagnole. Et, riante, elle joue sur un large front, sur lequel de petites boucles de cheveux évaporés jettent des ombres douces, qui font valoir la blancheur du teint et le velours noir des prunelles. De longs sourcils droits, étroits, protègent les grands yeux, très-ouverts, chercheurs, curieux, pénétrants.