Page:Banville - Camées parisiens, s3, 1873.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 159 —

Il y a une innocence et une loyauté adorables dans ce beau regard de jeune fille, qui va droit devant soi sans hypocrisie et qui ingénument est avide de voir. Le nez droit et arrondi se relève à l’extrémité par des méplats charmants et des narines mutines. La bouche hardiment et gracieusement dessinée et d’une vive couleur de rose s’entr’ouvre en se retirant, comme par l’espièglerie de l’enfant qui retient son haleine pour voir et pour guetter, et cette bouche curieuse accompagne merveilleusement bien le regard observateur de l’artiste, toujours en éveil. Le menton ample, ferme et arrêté qui s’arrondit par une belle ligne ; l’oreille d’une pureté classique, bien attachée et que ne dépare aucun joyau ; les joues déjà parfaites et finies, pleines quoique allongées, et avec des plans insensibles d’une délicatesse idéale, seraient d’une femme, si tout cela n’était éclairé par la divine lumière de la jeunesse. Et comme, par bonheur, il se trouve qu’à ce moment même Mlle Eva Gonzalès a le menton appuyé sur sa