Page:Banville - Gringoire, 1890.djvu/43

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répondaient, les douces étoiles, mais elles ne pouvaient pas me donner de pain. Elles n’en avaient pas. (à Olivier-Le-Daim, qui lui passe un plat.) mille grâces, messire. (au roi.) comme cela doit être facile d’être bon, quand on mange de si bonnes choses ! Moi, je suis très-bon, croyez-moi, j’ai souci des plus misérables créatures, -

NICOLE, au roi.

bonne âme innocente !

GRINGOIRE, continuant.

et pourtant, voilà la première fois que je touche, même des yeux, à de telles victuailles. (à Nicole Andry, qui lui verse à boire) merci, madame. Oh ! Le joli vin clair ! Ah ! (il boit.) cela vous met dans la poitrine la joie, le soleil, toutes les vertus. Comme je vais bien vivre ! Qui donc prétendait que j’allais être pendu ? Je vous assure que je ne le crois plus du tout. (au roi.) à quoi cela vous servirait-il de pendre un nourrisson de Calliope et du saint chœur parnassien, qui peut, sire, raconter vos exploits à la race future, et les rendre aussi durables dans la mémoire des hommes que ceux d’Amadis de Gaule et du chevalier Perséus ?

LE ROI.

Tu as si bien commencé !

GRINGOIRE, piteusement.

pas trop bien.

LE ROI.

ces pendus, du diable entendus, appellent des pendus encore.

GRINGOIRE, avec une expression de doute.

oh ! Ils les appellent ! … voyez-vous, sire, le bon sens n’est pas mon fort. (modestement.) je n’ai que du génie. Ah ! D’ailleurs, pendez-moi, que m’importe ! Je suis bien bon de m’occuper de cela. (il se lève.) que me reste-t-il à faire sur cette planète, déjà refroidie ? J’ai aimé la rose et le glorieux lis, j’ai chanté comme