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CXIV. — LA PETITE SAVANTE

Comme c’est la fête de sa maman, et comme il y a ce soir-là festin de gala et grand bal chez son père le ministre, on a exceptionnellement permis à la petite Lili de paraître au dessert, de regarder les guirlandes, les camellias, les gerbes de lumière et les massifs de fleurs dans les salons, et les bosquets du jardin, illuminés par une clarté féerique. Mais la fillette admire surtout son vieil ami Maas, qui disparaît sous les rubans, les croix, les étoiles, les cordons et les plaques. Elle le connaît depuis longtemps, depuis toujours ; elle est habituée à fourrer ses petits doigts dans les profondes rides qui labourent son visage, et à jouer avec sa douce chevelure blanche. Mais aujourd’hui seulement, elle a entendu dire une chose qui l’intrigue, et sautant sur les genoux du vieillard, elle lui demande s’il est bien vrai qu’il soit un grand savant.

— « Hem ! répond Maas, dans une certaine mesure. Et toi, es-tu savante, dis ?

— Certainement, fait Lili, toute rouge et souriante.

— Eh bien ! dit son ami, sais-tu ce qu’il y a dans ma poche ?

— Tiens ! dit Lili, c’est des bonbons pour moi, des fondants, et tu les a achetés roses, parce que je suis