Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/191

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rose ! À ton tour, maintenant. Sais-tu à quoi pensent les poupées ?

— Non.

— Sais-tu dans quels livres les petits oiseaux apprennent leur leçon ?

— Non, mon enfant.

— Sais-tu en quoi est fait le bon Dieu ?

— Hélas, non !

— Oh ! murmure Lili, indignée et déconcertée. Eh bien, qu’est-ce que tu sais, alors ? »


CXV. — LA COUR D’ASSISES

Le président vient de prononcer l’arrêt, et les gendarmes vont emmener les condamnés. Toute la famille Ladureau, pères, mères, fils, filles, cousins et cousines, les uns voués au couperet, les autres au bagne, à l’exil ou à la détention perpétuelle. Cependant ces misérables ne semblent ni désolés ni terrifiés. Rien n’a troublé leur tenue abominablement décente, et on les voit seulement contrariés. Leurs têtes ignobles n’expriment rien autre chose que la niaiserie et la plus vulgaire platitude.

— « Ah ! dit à son confrère Remary le vieil avocat Leil, dont le visage ridé et spirituel pourrait appartenir à un avocat de Daumier, regardez ces empoisonneuses et ces dévergondées, plus scélérates que Messaline et