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CAMÉES PARISIENS



À ALFRED DEHODENCQ

Excepté ceux pour qui un vrai peintre a créé l’immortalité, comme tu viens de le faire pour ton enfant si beau, dans un portrait que Lawrence eût signé avec orgueil, lequel de nos contemporains peut se flatter que l’Avenir saura quels furent son être physique et son visage ?

Les penseurs, les observateurs se réjouiraient sans doute d’avoir, sur la physionomie des personnages célèbres des temps passés, une note vive, rapide, sincère, écrite au courant de la plume par un poète impressionnable qui ait eu de bons yeux. Voilà ce que je me suis dit, et ce que j’ai essayé de réaliser pour indiquer aux penseurs des âges futurs l’attitude et l’expression de quelques figures illustres, ou simplement curieuses, qui vivent à présent.

Mais (pourras-tu m’objecter, non sans raison) tu crois donc posséder ce don inestimable du Style, qui, seul, peut faire qu’un livre dure ? — Non, par la glorieuse pantoufle de Rabelais ! je ne me berce pas complaisam-