Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/240

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plus indique le reste, pour l’amour de l’harmonie ! Cette théorie à la Delacroix a cela pour elle qu’elle est vraie : la tête d’Arsène Houssaye en est un exemple décisif et plein de charme. La Nature lui a donné toutes les grâces, tout l’entraînement, toute la séduction de la chevelure, et ce grand parti pris a suffi pour l’embellir d’une beauté suprême, et pour le revêtir d’une jeunesse qui ne peut périr. Sa barbe, longue et douce comme celle du fleuve Scamandre, est plus dorée et plus soyeuse que la plus féminine des chevelures de femme, et le flot des cheveux d’or est mille fois plus soyeux que la barbe. Avec cela qu’importent la pâleur un peu mate, les yeux un peu rêveurs, la bouche un peu fine ? Le nez a beau être dessiné en arc, le front a beau être ample comme celui d’un penseur, on leur voit la coupe grecque la plus idéale parmi l’enchantement de cette barbe ensoleillée et de cette chevelure !


40. — MADAME LA COMTESSE D’AGOUT

Sa fille, madame la comtesse de Charnacé, l’a représentée en un portrait idéal et d’une vérité suprême, que, d’un burin léger, Léopold Flameng a délicieusement gravé pour les lecteurs de Daniel Stern. Ce beau, ce pur profil romain, d’une jeunesse divine ; cette chevelure en longs bandeaux roulés, le grand front pensif couronné