Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/56

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à manger des yeux madame Florentin. Mais au moment où, par jeu et délire, Épine-Vinette, montée sur la table, souffle toutes les bougies, sauf une seule ; lorsque la fête devient une mêlée où le diable ne reconnaîtrait pas ses petites, l’enfant, comme un Vandale, se rue vers la femme énorme, la terrasse, et l’empoigne par les cheveux, comme s’il voulait la déchirer et la dévorer.

— « Attendez donc ! dit, très tranquillement d’ailleurs, madame Florentin, qui, à la lueur vague de la seule bougie restée allumée, cherche à reconnaître son cruel vainqueur. Attendez donc ! est-ce que ça n’est pas vous que j’ai rencontré chez la petite Célina, et qui m’aviez promis deux places pour l’Hippodrome ? »


XXIV. — UNE RENCONTRE

Sous les clairs rayons de la lune, dans la plaine de l’Attique où doucement frissonnent les collines roses et violettes, sur un chemin où les rails sont les uns d’or pur et les autres d’électrum, passe avec une rapidité vertigineuse le Train des Dieux, et un poète qui se trouve là (ces diables de gens se fourrent partout !) voit s’enfuir dans la rougissante fumée la locomotive d’argent ornée de cabochons énormes, où les bruns Cyclopes, forgerons des foudres, attisent le brasier, et les wagons extérieure-