Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et vous, ô torchères d’or, étoiles de ma maison, vous ne danserez plus pour moi vos danses ! et toi, pendule de madame de Pompadour, ce n’est plus pour charmer mon oreille que ta petite enchanteresse agacera du pied la cloche amoureuse.

Mademoiselle Edwige achètera une pendule de Denière et des bronzes d’art.

Et vous, ô naïades familières, ondes caressantes et fraîches, naïades aux yeux d’azur moiré, vous pouvez aller faire l’amour sous les saules échevelés ou dans le vaste réservoir de la rue de l’Estrapade, orné de dauphins de fonte imitant le bronze !

Mademoiselle Edwige fera mettre à la cuisine ma belle fontaine de grès brun, découpée et fouillée comme l’Alhambra, et à l’office mes carafes de Venise.

Et toi, ô coupe altérée, sur laquelle les Ménades vêtues de fourrures ruisselantes ont écrit leur ode avec le sang des treilles !

Mademoiselle Edwige te rangera sur le plus haut rayon d’une armoire et elle achètera des verres de trois francs. Et non-seulement elle achètera des verres de trois francs, mais encore elle achètera des porcelaines élégantes et des étoffes de bon goût.

Ainsi, vous pouvez, ô gais Chinois couverts de grelots et de haillons d’or, paons écarlates et poissons de topaze aux ailes transparentes, vous pouvez regagner le fleuve Choo-keang, et la montagne du Ho-nan, et les forêts d’ébéniers où fleurit l’yo-kiank-hoa, la fleur qui s’ouvre et embaume la nuit !

Et toi, coucou de Nuremberg, avec tes charmantes fleurs grossières et ton peuple de bois peint de couleurs variées, mademoiselle Edwige te mettra dans la chambre de mon domestique ! et tu seras réduit à honorer ce laquais