Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on aime seulement comme un frère parce qu’il a été si obligeant, » ni « le grand garçon qu’on méprise, mais qu’on reçoit cependant parce qu’il faut ménager ces gens-là, » ni le petit filleul sans conséquence qui n’a que dix-sept ans ;

Lorsqu’on a épuisé les cent francs et les louis, et les dix francs, et les cinq francs et les quarante sous ;

Quand on a emprunté vingt sous à la femme de ménage, et dix sous à la portière, et deux sous à la laitière ;

Quand on a vendu la dernière chemise à la dernière marchande à la toilette, et le dernier mouchoir de coton à la dernière revendeuse borgne ;

Quand on a emprunté un bouillon à la voisine sous prétexte que son pot-au-feu avait bonne mine, et que, depuis ce bouillon avalé, on est restée un jour et demi sans manger ;

Lorsqu’il n’y a plus qu’à mourir ;

Alors,

On va chercher Thérèse, la bonne des grandes occasions. On va chercher Thérèse, et Thérèse trouve de l’argent, comme Scapin et comme Mascarille ; que dis-je ! avec plus de génie cent fois, car ces princes de la Bohème soutiraient des écus aux plus crédules des pères, tandis que Thérèse les gratte et les arrache sur les implacables rochers de la civilisation parisienne. Elle force les pierres à suer de l’or, monnoie le néant, escompte le brouillard, et vend le diable caché au fond des bourses vides.

Elle trouve de l’argent ! elle en trouve pour payer le propriétaire, pour ravoir les diamants et pour acheter du jambon de Bayonne. Par quel procédé ? par quelle intrigue ? par quels abominables maléfices ? M. de Humboldt, qui sait tout, ne devinerait assurément pas cela ;