Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/262

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des prières, c’est ici que tu prieras pour elle. Mais, jamais seule ! Nous y viendrons ensemble !

— Oui, répondit Minette.

Madame Paul bénit alors les circonstances qui avaient laissé cette jeune âme s’égarer dans un monde tout idéal, car, grâce à cette ignorance de tout, Minette, qui avait si peu de temps à vivre, ne saurait jamais qu’elle était la fille d’un criminel. Elle s’agenouilla sur la terre humide, et fit une courte prière. Minette l’imita. Puis elles partirent, et, après avoir cordialement embrassé sa protégée, madame Paul la quitta seulement à la porte de madame Lefèvre.

— Cher trésor, dit-elle, puisque tu m’appelles ta bonne fée, ne m’oublie jamais quand tu auras du chagrin.

— Oh ! murmura Minette, jamais ! Quand je souffrirai trop, je me mettrai à genoux, et je t’appellerai. Je suis bien sûre que tu sauras toujours venir à mon secours !

Et elle entra dans la maison, tandis que madame Paul lui envoyait pour dernière consolation son charmant sourire.

Et maintenant, avant d’écrire les dernières lignes de cette histoire (car le dénoûment en fut trop horrible pour ne pas devoir être raconté en quelques mots), j’ai besoin de rappeler au lecteur que c’est la réalité elle-même qui nous montre certaines existences vouées tout entières à une infortune imméritée et implacable. N’est-ce pas là l’irréfutable argument que Dieu nous donne pour prouver que tout ne finit pas à la tombe ! Ce qu’avait souffert jusqu’alors la jeune fille que je tâche de faire revivre n’était rien auprès de ce qui lui restait à endurer, car elle devait mourir comme elle avait vécu, martyre.

Encore toute tremblante pour ainsi dire du coup qui