Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/291

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semblaient sortir de sa tête. Il était horrible. Il jeta autour de lui un regard farouche et leva son fusil. Julien l’arrêta.

Aussitôt, Raoul devint pâle comme la neige et tomba comme un cadavre dans les bras de Julien.

M. de Bressoles ne reparut plus au château.

Raoul ranimé par les soins de Julien, s’éveilla dans le délire. Le jour même, une épouvantable fièvre cérébrale se déclara. Depuis lors elle ne fit qu’empirer, et bientôt Raoul se trouva à deux doigts de la tombe.

Julien avait expliqué par une chute l’événement de la forêt. Mais quand l’état de son ami ne laissa plus d’espoir, il se décida à parler.

Alors, madame de Créhange alla trouver madame de Lillers.

Il n’y avait rien chez elle de la femme offensée : ni haine ni menace. Humble et vêtue de deuil, c’était une mère suppliante.

— Madame, dit-elle, pardonnez-moi de vous parler ainsi ; mais si vous deviniez toutes mes terreurs ! Raoul vous aime et vous pouvez le guérir. Sauvez-le, madame, je vous en conjure !

— Madame, répondit froidement la superbe Sylvanie, je ne sais si M. de Créhange m’aime. Je ne puis rien pour le sauver.

— Hélas ! pourquoi feindre, reprit madame de Créhange ! vous avez toute son âme. Croyez-vous que je vous haïsse pour cela ? Non, je vous chérirais, au contraire, je vous bénirais jusqu’au dernier souffle de ma vie ! Rendez-moi mon fils ! Tenez, je vous prie à genoux !

— Relevez-vous, madame, dit Sylvanie, je ne puis que partager votre affliction.