Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE

FESTIN DES TITANS



Ce jour-là, lord Angel Sidney avait le spleen un peu plus que de coutume, lorsqu’il passa de sa chambre à coucher dans son boudoir.

C’était pitié de voir ce jeune homme, beau comme un demi-dieu et triste comme un chérubin vaincu. L’implacable Satiété éteignait les flammes de ses yeux et les roses de ses lèvres, et à travers les manchettes de mousseline, ses mains, plus pâles que le marbre, se penchaient comme des lys brisés. — Ô ciel ! murmura-t-il avec un soupir, c’en est donc fait, je m’ennuie à jamais ! J’ai là, de l’autre côté de la mer, de vertes prairies plus immenses que des océans, et assez de châteaux pour donner pendant cent ans l’hospitalité à tous les rois de l’univers. De tous les coins du monde, cent navires m’apportent le duvet de l’eider, l’ivoire de l’Inde et la