Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/107

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Je meurs, Paschal, quand je la voy si belle,
Le front si beau, et la bouche et les yeux,
Yeux le séjour d’Amour victorieux,
Qui m’a blessé d’une flèche nouvelle.

Je n’ay ny sang, ny veine, ny moüelle.
Qui ne se change ; et me semble qu’aux cieux
Je suis ravy, assis entre les dieux,
Quand le bon-heur me conduit auprès d’elle.


Ronsard. Amours, Livre I, LXXXII.


Jusqu’à Ronsard encore, le poëte est libre de se permettre, s’il le veut, cette autre espèce d’hiatus qui aujourd’hui nous est interdit et qui consiste à placer devant une voyelle ou un H muet, soit le mot ET dont le T ne se prononce plus, soit les mots qui finissent par des syllabes telles que OIN, AIN, IEN, ON, AN, etc., ou par EST, ET, dans lesquelles la consonne finale ne se prononce pas.


Il ne s’en est a pied allé
N’a cheval ; las ! et comment donc ?

Villon. Grand Testament, XXIII.


A donc le Rat, sans serpe ni Cousteau
Il arriva joyeux et esbaudy.
Et du Lyon, pour vrai ne s’est gaudy.
Mais despita chats, chates et chatons.

Clément Marot. Épitre à Lyon Jamet.