Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/126

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première et dépouillée aussi de la beauté nouvelle que lui avaient donnée plus tard les grands hommes du siècle de Louis XIV, succombait sous l’excès du prosaïsme et de la platitude, et la dégénérescence de l’art en était arrivée à ce point que le Lyrisme manquait à tous les genres de notre poésie, même à l’Ode, qui est le Lyrisme par excellence, ou qui, pour mieux dire, n’est que Lyrisme.

Qu’est-ce que le lyrisme ?

C’est l’expression de ce qu’il y a en nous de surnaturel et de ce qui dépasse nos appétits matériels et terrestres, en un mot de ceux de nos sentiments et de celles de nos pensées qui ne peuvent être réellement exprimés que par le Chant, de telle sorte qu’un morceau de prose dans lequel ces sentiments ou ces pensées sont bien exprimés fait penser à un chant ou semble être la traduction d’un chant.

Aussi peut-on poser comme un axiome que l’athéisme, ou négation de notre essence divine, amène nécessairement la suppression de tout Lyrisme dans ce qu’aux époques athées on nomme à tort : la poésie. C’est pourquoi cette prétendue poésie, comme l’a prouvé tout le xviiie siècle, est une chose morte, un cadavre.

La poésie ne se compose pas excluisivement de