Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/130

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Le règne végétal, analysé par elle,
Offre à l’œil curieux tous les sucs qu’il recèle ;
Et plus haut, je vois l’ombre, errante sur un mur,
Faire marcher le tems d’un pas égal et sûr.

Colardeau. Épître à M. Duhamel.

Les travaux d’Uranie, ce sont les instruments des sciences ; cet aiman, qui cherche à mes yeux son pomt déterminé, et qui loin de mes yeux le chercherait tout de même, c’est la boussole ; ce minéral fluide de l’antique Hermès (ou mercure) qui s’élève au gré de l’air plus sec ou plus humide, c’est le baromètre ; ce tube coloré par la liqueur (c’est-à-dire qui enferme une liqueur colorée) c’est le thermomètre ; ce long fil électrique, c’est le paratonnerre ; cette cucurbite qui de légères vapeurs mouille son chapiteau, c’est l’alambic ; et cette ombre errante sur un mur qui fait marcher le tems (c’est-à-dire, indique la marche du temps), c’est le cadran solaire. On voit que non-seulement Colardeau désigne les objets par des périphrases pompeuses et ampoulées, mais qu’il arrive même à ne pas les désigner du tout, et à dire tout le contraire de ce qu’il veut dire. Combien n’eût-on pas surpris l’honnête auteur des Amours de Pierre le Long et de Geneviève Bazu, si on lui avait affirmé qu’il aurait dû écrire tout simplement : les instruments, la boussole, le baromètre,