Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/160

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création et le mouvement dans le prochain chapi- tre de cette étude : et il l’emploie de même dans sa comédie héroïque Psiché, à laquelle le grand Corneille travailla avec lui.

PSICHÉ.

Des tendresses du sang peut-on estre jaloux ?

l’amour.

Je le suis, ma Psiché, de toute la Nature. Les rayons du soleil vous baisent trop souvent. Vos cheveux souffrent trop les caresses du Vent, Dès qu’il les flatte, j’en murmure ; L’air mesme que vous respirez Avec trop de plaisir passe par vostre bouche, Votre habit de trop près vous touche, Et, si-tost que vous soupirez, Je ne sais quoi qui m’effarouche Craint, parmy vos soupirs, des soupirs égarez. Molière. Psiché, Acte III, Scène m.

On le voit, même chez Molière, le bon sens fait homme, la belle Comédie ne peut renier son origine lyrique. Mais de nos jours même, dans la comédie en prose d’Alfred de Musset, nous re- trouvons distinct, séparé des acteurs et s’appelant par son nom, le Chœur d’Aristophane :

LE CHŒUR.

Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s’avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l’écritoire au côté. Comme un poupon sur l’oreiller, il se ballotte