Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/189

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mercure.


Que vos Chevaux par vous au petit pas réduits,
Pour satisfaire aux vœux de son Âme amoureuse,
              D’une Nuit si délicieuse
               Fassent la plus longue des Nuits.
        Qu’à ses transports vous donniez plus d’espace ;
        Et retardiez la naissance du jour
               Qui doit avancer le retour
               De celui, dont il tient la place.


la nuit.


               Voilà sans doute un bel Emploi
               Que le grand Jupiter m’apreste :
               Et l’on donne un nom fort honneste
               Au service qu’il veut de moy.


mercure.


                 Pour une jeune Déesse,
                 Vous êtes bien du bon temps !
                 Un tel emploi n’est bassesse
                 Que chez les petites Gens.
Lorsque dans un haut rang on a l’heur de paroistre,
         Tout ce qu’on fait est toujours bel et bon ;
                 Et, suivant ce qu’on peut estre.
                 Les choses changent de nom.

Molière. Amphitryon. Prologue.


II. Le vers libre de la Fontaine (dans ses Fables) admet au contraire des vers de toutes les mesures sans exception, et ses combinaisons, ses ressources, ses inventions spéciales à tel ou tel effet et qui se produisent soudainement pour ne