Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/219

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qu’ils enseignent bien comment le Refrain peut être varié si diversement , soit par la pensée qui se transforme, soit par le tour de la phrase qui se renouvelle, soit même par une audacieuse équivoque de mots. En somme dans le Rondeau, le Refrain doit ressembler à un de ces clowns dont les bonds effrénés déconcertent les prévisions instinctives de notre regard, et qui nous apparaissent cassés en zig-zag comme des éclats de foudre, au moment où nous nous attendons à les voir frétillants dans le sable comme des couleuvres, ou furieusement lancés en l’air comme des oiseaux. Mais le dernier mot du secret appartient à Voiture, qui, bien consulté, dira tout !


Le Rondeau Redoublé. Empruntons un exemple de Rondeau Redoublé au plus inconnu de nos poètes, car combien existe-t-il de citoyens français qui puissent se vanter d’avoir lu les œuvres complètes de Jean de la Fontaine, et qui, pour sauver leur vie, seraient en état de réciter dix vers d’un des poëmes intitulés Le Quinquina et La Captivité de Saint Malo ?


rondeau redoublé.


Qu’un vain scrupule à ma flamme s’oppose,
Je ne le puis souffrir aucunement,
Bien que chacun en murmure et nous glose ;
Et c’est assez pour perdre votre amant.