Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/299

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brée par ses contemporains, trouve à dix-huit ans le courage de s’enfermer avec Baïf, Belleau et Muret, au collège Coqueret, sous le savant Jean Daurat. Pendant sept ans entiers il étudie, renonçant aux succès de cour, aux aventures galantes, à tous les amusements de la jeunesse. Il revient à la cour, fameux déjà, proclamé par les jeux Floraux prince, des poètes. Comblé de bienfaits par Charles IX, universellement loué et admiré, il crée sa pléiade poétique où brillent, à côté du sien, les noms d’Antoine de Baïf, de Daurat, de Du Bellay, de Rémi Belleau, de Jodelle et de Pontus de Thiard. Marguerite de Savoie et Marie Stuart l’ont accueilli, la France l’acclame, il s’avance résolument vers les conquêtes futures dont Du Bellay a sonné la belliqueuse fanfare en publiant son Illustration de la langue française. Chose étrange ! c’est au nom de la langue française que Ronsard organisait la révolte, et c’est au nom de la langue française que le xviie siècle l’a condamné. Il a été victime d’un malentendu qui peut se perpétuer encore faute de bon sens et de bonne foi, et surtout il a été victime de sa fécondité, car une des premières conditions du succès est d’avoir écrit en tout un petit volume. Les trois manières de Ronsard, ses Amours de Marie, commentés par Belleau ; ses Amours de