Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/30

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Cependant les deux vers murs, vil-le et a-si-le contiennent chacun non pas deux, mais trois syllabes. Et ainsi de suite. Dans les vers de La Légende des Siècles que j’ai cités et que je range parmi les vers de douze syllabes, prenez les deux premiers vers, et comptez les syllabes une à une : il est certain que le premier vers contient seize syllabes et que le second vers contient quatorze syllabes.


L’au-ro-re ap-pa-rais-sait ; quel-le-au-ro-re ?-Un a-bî-me.(16)
D’é-blou-is-se-ment,-vas-te,-in-son-da-ble,-su-bli-me. (14)


À quoi tient cette apparente anomalie ? Pour l’expliquer, il me faut définir ce qu’on nomme Rime Masculine, Rime Féminine, Elision.


On nomme Vers Masculin un vers dont le dernier mot est terminé par une lettre autre que I’e muet ; on nomme Rime Masculine la rime qui unit deux vers masculins. Ainsi les deux vers suivants :


Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur ;
Des avalanches d’or s’écroulaient dans l’azur ;


sont deux vers masculins, et la rime qui les unit est un rime masculine.

On nomme Vers Féminin un vers dont le der-