Page:Banville - Théophile Gautier, ode, 1872.djvu/13

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Temple à la blanche colonnade,
Burg dont l’herbe envahit la cour,
Cathédrale, palais de jade,
Alhambra découpant le jour !

En ce décor passent et vivent
Des rois, des guerriers, des amants,
Les justes, et ceux que poursuivent
Les ailes des noirs Châtiments ;

Toute la folle engeance humaine
Dont le destin fait son jouet,
Tous les mortels tremblants que mène
Amour avec son cruel fouet ;

Et surtout, mille, mille femmes
Montrant, sur leurs mates pâleurs,
Celles-ci des joyaux de flammes,
Celles-là des colliers de fleurs ;

Vierges priant dans leurs alcôves,
Et folles aux regards surpris
Dénouant leurs crinières fauves
Sur les rouges damas fleuris ;