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ni littérature, ni vie morale, car l’excès de la passion, c’est l’abus de notre liberté.

L’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE n’était donc alors, comme il n’est encore aujourd’hui, qu’un romancier qui a peint la passion telle qu’elle est et telle qu’il l’a vue, mais qui, en la peignant, à toute page de son livre l’a condamnée. Il n’a prêché ni avec elle ni pour elle. Comme les romanciers de la Libre Pensée, il n’a pas fait de la passion et de ses jouissances le droit de l’homme et de la femme et la religion de l’avenir. Il l’a exprimée, il est vrai, le plus énergiquement qu’il a pu, mais est-ce de cela qu’on lui fait un reproche ?… Est-ce de l’ardeur de sa couleur comme peintre qu’il doit catholiquement s’accuser ?… En d’autres termes, la question posée contre lui à propos d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE n’est-elle pas beaucoup plus haute et plus générale que l’intérêt d’un livre dont on ne parlait pas tout le temps qu’on manquait de motif pour le jeter à la tête de son auteur ? Et cette question n’est-elle pas, en effet, celle du roman lui-même, auquel les ennemis du Catholicisme nous défendent, à nous, Catholiques, de toucher ?

Oui, voilà la question ! Posée ainsi, elle est impertinente et comique. Voyez plutôt ! Dans la morale