Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/24

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remplis, comme tous les cloaques, d’un phosphore incendiaire ; il regarde dans l’âme : c’est ce que l’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE a fait. Ce qu’il a montré s’y trouve-t-il ?… Il a dit la passion et ses fautes, mais en a-t-il fait l’apothéose ?… Il a dit sa puissance, ses encharmements, l’espèce de barre qu’elle met dans notre libre arbitre, comme dans un écusson faussé. Il n’a étriqué ni la passion, ni le Catholicisme, tout en les peignant. Ou UNE VIEILLE MAÎTRESSE doit être absoute de ce qu’elle est, quoi qu’elle soit, ou il faut renoncer à cette chose qui s’appelle le roman. Ou il faut renoncer à peindre le cœur humain, ou il faut le peindre tel qu’il est.

Il n’y a que Messieurs de la Libre Pensée, si dévoués aux intérêts sociaux comme on sait, qui aient pu trouver une VIEILLE MAÎTRESSE subversive. Elle ! Mais l’auteur, en racontant cette triste histoire, aurait pu être impassible et il ne l’a pas été ! Il a condamné Marigny, le mari coupable ! il lui a donné des remords et même des hontes ! il l’a fait se confesser à sa grand’mère et se condamner lui-même. Mais sa femme, à qui Marigny finit par demander pardon, ne lui pardonne pas ! Aucun romancier n’a été plus que l’auteur d’UNE VIEILLE MAÎTRESSE le Torquemada de ses héros. Sub-