Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/151

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elle avait eu la hardiesse de s’enfermer sous clef, tête à tête, avec le prisonnier dans la tour.

— Des Touches, sans ses fers, la romprait sur son genou comme une baguette, ajouta Royal-Aunis, mais il est enchaîné… On n’entend rien à travers cette sacrée porte, — et la Hocson est, par Dieu ! bien femme à le tuer, à coups de couteau.

— Nous le saurons demain ! dit M. Jacques, avec la rapidité de décision de l’homme de guerre qu’il avait, ce beau ténébreux, malgré sa langueur. Mais ce soir, il faut sauver ceux qui se battent là-bas… Il faut les dégager et faire retourner la tête à cette foule, et il n’y a qu’un moyen… Mettons le feu à la prison !

— Bravo ! dit M. de Fierdrap avec l’enthousiasme du connaisseur ; militairement le moyen était bon, mais ventre de carpe ! ça ne devait pas être chose facile que de mettre le feu à la prison d’Avranches, une geôle de granit humide, à peu près inflammable comme le fond d’un puits.

— Aussi ce qui brûla, baron, reprit mademoiselle de Percy, fut le grand bâtiment de date plus moderne qui reliait les tours, et dans lequel habitait la geôlière. Il y avait dans le haut de ce bâtiment un immense grenier à foin pour la gendarmerie de la ville, et c’est là que