Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/40

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miraculeuses, avait la foi et les vertus qui criaient grâce ! pour son père et pour elle, — pour elle qui n’a pas besoin de pardon, qui n’a fait que le bien depuis qu’elle respire ! Mais sa foi, ses vertus, le bien qu’elle a fait, le bien de l’exemple qu’elle a donné, le bien de l’aumône qu’elle a répandue par mes mains, à moi, « parce que l’aumône, disait-elle, humiliait les pauvres par les siennes, » tous ses mérites qui sont devant Dieu comme les lis splendides devant le soleil, n’ont pas été vus par ce pays, qui n’a les yeux que pleins de vous, monsieur, et pour qui elle n’est et ne sera jamais…

— … Que la fille d’un prêtre ! — interrompit Sombreval avec une gravité triste, mais sans ironie ; finissant la phrase de l’abbé Méautis, qui s’était arrêté encore, hésitant comme il hésitait quand il allait prononcer le nom de mère, et plus longtemps peut-être, car, en prononçant ce nom de mère qui lui rappelait l’effroyable misère de la sienne, c’était lui qui souffrait, tandis qu’ici c’était un autre qui pouvait en souffrir !

— Oui, Monsieur, que la fille d’un prêtre, — reprit l’abbé, — et d’un prêtre marié, devenu impie, — d’un homme qui n’avait pas seulement commis un grand crime, mais qui avait essayé de le consacrer par une loi, et, comme on dit dans la langue d’un monde athée, qui l’avait