Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/30

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Personne ne le regardait. Il n’éveillait ni l’instinct comique, ni l’hostilité. Il paraissait vraiment banal : un Prussien de plus arrivait, une goutte d’eau dans ce déluge.

Autour de lui, c’était la rivière glissante, ses tilleuls, l’île aux grands arbres que l’on appelle du nom charmant de Jardin d’Amour, la rumeur des moulins et les jeux des petits polissons : tout le vieux Metz d’avant la guerre, où rien ne fait défaut que nos uniformes. Il me rappela d’une certaine manière (avec moins de rayonnement, faut-il le dire ?) ce mémorable portrait, à la fois ridicule et beau, que l’on voit au musée de Francfort, du jeune Gœthe étendu dans la campagne romaine et pareil à un jeune éléphant.