Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/63

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C’était un joli petit Messin, mais déjà avec le regard de l’homme qui ne se laisse pas molester. Il avait sous le nez et sur le menton deux moustaches et une magnifique impériale, tracées avec un bouchon brûlé, comme c’est l’usage des gamins de Metz quand ils jouent aux soldats. Son genou saignait d’une bonne écorchure. L’Allemand prit dans son portefeuille une bande de taffetas anglais. Mais le petit ne voulait pas qu’il le touchât. Et comme un rassemblement se formait, le professeur lui dit :

– N’aie pas peur… Sais-tu bien qui je suis ?

Il voulait faire entendre qu’il était un maître, un ami des enfants, mais le petit Lorrain de répondre :

– Toi, tu es le Prussien de chez Madame Baudoche.