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LA COLLINE INSPIRÉE

Et la porte refermée sur eux trois, il commence de leur expliquer, par l’exemple de Job et du Bienheureux Pierre Fourrier, que Dieu ne les a abaissés que pour les éprouver :

— C’est un fait constant dans toutes les vies de saints, insiste-t-il, que la plus haute prospérité succède immédiatement aux pires catastrophes.

François et Quirin le regardent avec stupeur.

Ils sont en vérité très différents de leur aîné, ces deux frères. François représente assez bien un chevalier rustaud, ou plutôt un écuyer loyal et emporté, tout en mouvement, bon pour se dévouer, mais de petit jugement. Son gros visage enfantin et d’une confiance joyeuse inspire de la sympathie. Quirin est plus terre à terre. Tout ce qu’il y a de positif à l’ordinaire chez les Lorrains et que la nature n’avait pas employé pour pétrir ses deux aînés, semble lui être resté pour compte et d’une manière excessive. Léopold était vraiment leur chef, et il l’eût été de bien d’autres. Il continuait de parler : son visage sec tremblait d’animation et ses yeux brillaient. Quand il se tut, Quirin, d’un ton tout laïque, qui faisait un contraste affreux avec les paroles inspirées de son aîné, déclara :