Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/13

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plus forte encore, la sagesse française héritée de nos ancêtres et vainement attaquée par les éléments étrangers. Vous tâcherez d’être dans la nation le cerveau qui relie des forces dissociées.

Il ne m’appartient pas, Messieurs, de devancer les étapes de nos travaux. J’entrevois la méthode ; je n’ai pas l’autorité de proposer la doctrine. Permettez-moi pourtant de vous soumettre quelques observations recueillies en quelque sorte sur vous-mêmes, quand je vous voyais réagir individuellement contre l’anarchie dont souffre l’esprit français.


D’abord, à la « Patrie Française », vous êtes las des systèmes philosophiques et des partis politiques qu’ils engendrent, vous répugnez à fonder plus longtemps le patriotisme sur des images vides, bonnes pour exercer les facultés oratoires et la logique déductive. Vous voulez rattacher vos efforts à une réalité.

Vous êtes des hommes de bonne volonté, et, quelles que soient les opinions que vous ont faites votre famille, votre éducation, votre milieu et tant de petites circonstances privées, vous êtes décidés à prendre votre point de départ sur ce qui est et non pas sur votre idéal de tête.

Tel d’entre nous peut bien trouver que la Révolution nous a déviés de nos voies les plus aisées et les plus heureuses ; tel autre peut regretter que le Premier Consul ait, par le Concordat, replacé la France sous l’influence de Rome ; un troisième s’assure que