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journal de ma vie.

duc de Joyeuse[1] m’amena avesques luy au devant d’elle : luy et moy nous mismes dans son carrosse, et revinsmes avec elle descendre a l’hostel de Rets, ou nous y fismes collation, et nous en retirasmes sur le minuit. Il fut tout ce jour de la meilleure compagnie du monde. Je luy donnay le bon soir a la porte derriere de son logis qu’il ne fit que traverser, et s’en alla rendre aux Capucins, ou il y a finy saintement ses jours. Le lendemain matin le pere Archange, capucin[2] qui preschoit a Saint Germain, le dit en son sermon[3], ou j’estois sur le jubé avesques Mrs de Montpensier, d’Espernon[4], et le Grand, quy n’en furent pas plus estonnés que moy, mais plus affligés,

    vonne, mariée en 1565 à Albert de Gondi, lequel fut créé duc de Retz en 1581. Elle mourut en 1604.

  1. Henri de Joyeuse, comte du Bouchage, puis duc de Joyeuse, né en 1567, se fit capucin en 1587 sous le nom de père Ange, sortit du couvent en 1592, y rentra en 1599, et mourut le 28 septembre 1608.

    Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
    Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.


  2. Le P. Archange, capucin, que d’autres appellent le P. Ange, passait pour être le fruit des amours de Marguerite de Valois et de Champvallon.
  3. Les anciennes éditions portent : Le père Archange lui dicta son sermon à Saint-Germain.
  4. Jean-Louis de Nogaret de la Valette, duc d’Épernon, fils de Jean de Nogaret de la Valette, et de Jeanne de Saint-Lary de Bellegarde, né en mai 1554, mort le 13 janvier 1642. Après avoir été un des favoris de Henri III, qui érigea en sa faveur la baronnie d’Épernon en duché-pairie, il joua un rôle important sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, et termina sa longue carrière dans la disgrâce.