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journal de ma vie

vinsmes repaitre a Saint-Pierre d’Albigny, puis attaquer une escarmouche a Conflans, et passer plus d’une lieue au dela, pensant y trouver Albigny[1] logé avesques les trouppes de Mr  de Savoye : mais il en estoit party le matin ; de sorte qu’il nous fallut retourner a Saint-Pierre d’Albigny, ou nous ne peumes arriver qu’a trois heures apres minuit, ayans esté vingt et quatre heures a cheval par un chaud excessif.

Le lendemain Mr  Desdiguieres fit sommer Miolans, quy se rendit, et ne voulut point investir ce jour la Conflans, tant pour la traite du jour precedent, que parce que c’estoit la feste de Saint-Bartelemy, jour funeste a ceux de la religion. Mais le lendemain matin il s’y achemina avesques trois compagnies du regiment des gardes, et sept de celuy de Crequy avesques quelque cavalerie. Les gardes avoint l’avant garde, et se hasterent de devancer le regiment de Crequy, comme ils firent ; et firent leurs approches par le bas de la place, dans le faubourg que ceux de la ville avoint bruslé deux jours auparavant, lors que nous parusmes devant la ville : mais peu apres s’y estre logés, estans veus et battus par derriere, d’une maison platte ou il y avoit quarante mousquetaires, a la premiere sortie que firent ceux de Conflans, un quart d’heure apres, ils rembarrerent les gardes jusques au bas de la montaigne. Allors parut le regiment de Crequy, quy revint prendre avesques eux le premier logement. Ceux des gardes, au diner de Mr  Desdiguieres vindrent demander un des deux canons destinés pour battre la place,

  1. D’Albigny était gouverneur de la Savoie.