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1603. octobre.

offenser ; et les Turcs, voyans que leur batterie ne nous incommodoit plus, la cesserent au bout de cinq jours qu’ils l’eurent continuée.

En fin le general, voyant que son sejour en ce mesme camp luy estoit inutile, et que l’on le blasmoit a Vienne et a Prague de ce qu’avec une sy belle armée (car elle estoit de trente cinq mille hommes de pied et de dix mille chevaux), il ne s’estoit osé loger du costé des ennemis, mesme apres cette grande deffaite d’Odom quy les avoit affoiblis de quantité d’hommes, et de leurs meilleurs soldats, il se resolut de passer de leur costé, et, pour cet effet, fit construire un double pont, pour entrer en l’isle de Vats, et pour en sortir du costé de Saint André[1], cinq lieues au dessus de Bude. Il alla disner le dimanche 20e[2] dans l’isle de Vats, et passa sur le premier pont, alla visiter l’autre quy estoit fort advancé, puis s’en revint au camp, d’ou il partit avesques toute l’armée le mardy suyvant 22e ; et ayant passé le premier pont, se campa dans l’isle, ou il sejourna le lendemain ; et le jeudy 24e l’armée passa le second pont, quy traversoit le bras du Danube voysin de Saint André, et nous campasmes assés pres de la.

L’armée turquesque ne changea point son camp, encores que nous eussions quitté le nostre ancien : mais seulement cinq jours apres que nous fusmes

  1. Rosworm avait construit un fort à Saint-André, sur la rive droite du Danube, entre Bude et Wisegrad, pour empêcher les Turcs de se loger dans cette position.
  2. Le dimanche était le 19 octobre ; le mardi était le 21 ; le jeudi, le 23 ; et le dimanche suivant, le 26.